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idées, rebutée des incertitudes qui me déchirent, j’avois résolu de ne plus penser ; mais comment rallentir le mouvement d’une ame privée de toute communication, qui n’agit que sur elle-même, & que de si grands intérêts excitent à réfléchir ? Je ne le puis, mon cher Aza, je cherche des lumieres avec une agitation qui me dévore, & je me trouve sans cesse dans la plus profonde obscurité. Je sçavois que la privation d’un sens peut tromper à quelques égards, je vois, néanmoins avec surprise que l’usage des miens m’entraîne d’erreurs en erreurs. L’intelligence des Langues seroit-elle celle de l’ame ? Ô, cher Aza, que mes