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image du néant) les jours s’écouloient sans que j’y prisse garde ; aucun espoir ne fixoit mon attention sur leur longueur : à présent que l’espérance en marque tous les instans, leur durée me paroît infinie, & ce qui me surprend davantage, c’est qu’en recouvrant la tranquilité de mon esprit, je retrouve en même-tems la facilité de penser.

Depuis que mon imagination est ouverte à la joie, une foule de pensées qui s’y présentent, l’occupent jusqu’à la fatiguer. Des projets de plaisirs & de bonheur s’y succédent alternativement ; les idées nouvelles y sont reçues avec facilité, celles mêmes dont je ne