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LETTRE NEUVIÉME.



QUe les jours sont longs quand on les compte, mon cher Aza ! Le tems ainsi que l’espace n’est connu que par ses limites. Il me semble que nos espérances sont celles du tems ; si elles nous quittent, ou qu’elles ne soient pas sensiblement marquées, nous n’en appercevons pas plus la durée que l’air qui remplit l’espace.

Depuis l’instant fatal de notre séparation, mon ame & mon cœur également flétris par l’infortune restoient ensevelis dans cet abandon total (horreur de la nature,