Page:Graffigny - Lettres d'une Péruvienne.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.

m’éloigne de toi, je ne respire plus le même air, je n’habite plus le même élément : tu ignoreras toujours où je suis, si je t’aime, si j’existe ; la destruction de mom être ne paroîtra pas même un évenement assez considérable pour être porté jusqu’à toi. Cher Arbitre de mes jours, de quel prix te peut être désormais ma vie infortunée ? Souffre que je rende à la Divinité un bienfait insupportable dont je ne veux plus jouir ; je ne te verrai plus, je ne veux plus vivre.

Je perds ce que j’aime ; l’univers est anéanti pour moi ; il n’est plus qu’un vaste desert que je remplis des cris de mon amour ; en-