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sentir les effets ; car je n’en éprouve aucuns, je souffre toujours également d’un feu intérieur qui me consume ; à peine me reste-t-il assez de force pour nouer mes Quipos. J’employe à cette occupation autant de tems que ma foiblesse peut me le permettre : ces nœuds qui frappent mes sens, semblent donner plus de réalité à mes pensées ; la sorte de ressemblance que je m’imagine qu’ils ont avec les paroles, me fait une illusion qui trompe ma douleur : je crois te parler, te dire que je t’aime, t’assurer de mes vœux, de ma tendresse ; cette douce erreur est mon bien & ma vie. Si l’excès d’accablement m’oblige d’interrompre