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portoient à mon ame, que l’idée de la destruction, (non-seulement de moi-même) mais de la nature entiere. Je croyois le péril universel ; je tremblois pour tes jours : ma frayeur s’accrut enfin jusqu’au dernier excès, à la vûe d’une troupe d’hommes en fureur, le visage & les habits ensanglantés, qui se jetterent en tumulte dans ma chambre. Je ne soutins pas cet horrible spectacle, la force & la connoissance m’abandonnerent ; j’ignore encore la suite de ce terrible événement. Mais revenue à moi-même, je me trouvai dans un lit assez propre, entourée de plusieurs Sauvages, qui n’étoient plus les cruels Espagnols.