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suis. Ainsi que la rose tire ses brillantes couleurs des rayons du Soleil, de même les charmes qui te plaisent dans mon esprit & dans mes sentimens, ne sont que les bienfaits de ton génie lumineux ; rien n’est à moi que ma tendresse.

Si tu étois un homme ordinaire, je serois restée dans le néant, où mon sexe est condamné. Peu esclave de la coutume, tu m’en as fait franchir les barrieres pour m’élever jusqu’à toi. Tu n’as pû souffrir qu’un être semblable au tien, fût borné à l’humiliant avantage de donner la vie à ta postérité. Tu as voulu que nos divins Amutas[1] ornassent mon

  1. Philosophes Indiens.