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ses proches. Si j’étois étrangere, inconnue, Aza pourroit m’aimer : unis par les liens du sang, il doit m’abandonner, m’ôter la vie sans honte, sans regret, sans remords.

Hélas ! toute bizarre qu’est cette Religion, s’il n’avoit fallu que l’embrasser pour retrouver le bien qu’elle m’arrache (sans corrompre mon cœur par ses principes) j’aurois soumis mon esprit à ses illusions. Dans l’amertume de mon ame, j’ai demandé d’être instruite ; mes pleurs n’ont point été écoutés. Je ne puis être admise dans une société si pure, sans abandonner le motif qui me détermine, sans renoncer à ma tendresse, c’est-à-dire sans changer mon existence.