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que je puis faire ; mais je suis trop occupée de mon bonheur pour le renfermer entierement en moi-même : ainsi quoique je te croie fort près de moi, que je tressaille au moindre bruit, que j’interrompe ma Lettre presque à chaque mot pour courir à la fenêtre, je ne laisse pas de continuer à écrire, il faut ce soulagement au transport de mon cœur. Tu es plus près de moi, il est vrai ; mais ton absence en est-elle moins réelle que si les mers nous séparoient encore ? Je ne te vois point, tu ne peux m’entendre, pourquoi cesserois-je de m’entretenir avec toi de la seule façon dont je puis le faire ? encore un moment, & je te verrai ;