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tout me plaît en vous : l’amitié a des yeux aussi-bien que l’amour. Autrefois après un moment d’absence, je ne vous voyois pas revenir sans qu’une sorte de sérénité ne se répandît dans mon cœur ; pourquoi avez-vous changé ces innocens plaisirs en peines & en contraintes ?

Votre raison ne paroît plus qu’avec effort. J’en crains sans cesse les écarts. Les sentimens dont vous m’entretenez, gênent l’expression des miens, ils me privent du plaisir de vous peindre sans détour les charmes que je goûterois dans votre amitié, si vous n’en troubliez la douceur. Vous m’ôtez jusqu’à la volupté délicate de