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ne le suis ? Je vous dois la vie, & tout ce que j’ai, c’est plus qu’il n’en faut pour ne point oublier mes malheurs. Je sçais que selon vos Loix, quand les bienfaits ne sont d’aucune utilité à ceux qui les reçoivent, la honte en est effacée. Attendez donc que je n’en aye plus aucun besoin pour exercer votre générosité. Ce n’est pas sans répugnance, ajoutai-je d’un ton plus moderé, que je me conforme à des sentimens si peu naturels. Nos usages sont plus humains, celui qui reçoit s’honore autant que celui qui donne, vous m’avez appris à penser autrement, n’étoit-ce donc que pour me faire des outrages ?