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Qu’il est doux, après tant de peines, de s’abandonner à la joie ! Je passai le reste de la journée dans les plus tendres ravissemens. Je ne t’écrivis point, une Lettre étoit trop peu pour mon cœur, elle m’auroit rappellé ton absence. Je te voyois, je te parlois, cher Aza ! Que manqueroit-il à mon bonheur, si tu avois joint à cette prétieuse Lettre quelques gages de la tendresse ! Pourquoi ne l’as-tu pas fait ? On t’a parlé de moi, tu es instruit de mon sort, & rien ne me parle de ton amour. Mais puis-je douter de ton cœur ? Le mien m’en répond, tu m’aimes, ta joie est égale à la mienne, tu brûles des mêmes feux, la même