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déchirez sans pitié un cœur perdu d’amour. Zilia, cruelle Zilia ; voyez mon désespoir, c’est votre ouvrage. Hélas ! de quel prix payez-vous l’amour le plus pur !

C’est vous, lui dis-je (effrayée de sa résolution) c’est vous que je devrois accuser. Vous flétrissez mon ame en la forçant d’être ingrate ; vous désolez mon cœur par une sensibilité infructueuse. Au nom de l’amitié, ne ternissez pas une générosité sans exemple par un désespoir qui feroit l’amertume de ma vie sans vous rendre heureux. Ne condamnez point en moi le même sentiment que vous ne pouvez surmonter, ne me forcez pas à me plaindre de vous,