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toutes insipides qu’elles étoient, ne laissérent pas de m’offenser ; je m’efforçai de le convaincre de la vérité, mais à mesure que les expressions de mon cœur en prouvoient les sentimens, son visage & ses paroles devinrent sévères ; il osa me dire que mon amour pour toi étoit incompatible avec la vertu, qu’il falloit renoncer à l’une ou à l’autre, enfin que je ne pouvois t’aimer sans crime.

À ces paroles insensées, la plus vive colere s’empara de mon ame, j’oubliai la modération que je m’étois prescrite, je l’accablai de reproches, je lui appris ce que je pensois de la fausseté de ses paroles, je lui protestai mille fois