Page:Graffigny - Lettres d'une Péruvienne.djvu/186

Cette page a été validée par deux contributeurs.

reste que la seule & penible satisfaction de couvrir ce papier des expressions de ma tendresse, puisqu’il est le seul témoin docile des sentimens de mon cœur.

Hélas ! je prends peut-être des peines inutiles, peut-être ne sauras-tu jamais que je n’ai vêcu que pour toi. Cette horrible pensée affaiblit mon courage, sans rompre le dessein que j’ai de continuer à t’écrire. Je conserve mon illusion pour te conserver ma vie, j’écarte la raison barbare qui voudroit m’éclairer ; si je n’espérois te revoir, je périrois, mon cher Aza, j’en suis certaine ; sans toi la vie m’est un supplice.

Séparateur