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défaillance. La communauté de Mayence perpétua le souvenir de l’heureuse intervention de Simon en rappelant son nom chaque samedi à la synagogue.

Vers la même époque, à la fin du IVe siècle de l’hégire, les Juifs d’Orient et de l’Égypte subirent également de violentes persécutions. Convaincu qu’il était investi de la puissance divine et que, par conséquent, il avait droit à être adoré comme Dieu, le khalife égyptien Hakim, ce Caligula oriental, menaça de châtier sévèrement tous ses sujets, juifs, chrétiens ou musulmans, qui douteraient de sa divinité. D’abord il ordonna que les Juifs qui n’accepteraient pas les croyances des chiites fussent contraints, en souvenir du veau d’or, de porter au cou l’image d’un veau et de se soumettre aux autres lois restrictives édictées autrefois contre eux par Omar. Les coupables étaient punis de la confiscation de leurs biens et de l’exil (1008). Des mesures analogues étaient prises contre les chrétiens. Quand Hakim apprit que les Juifs éludaient ses ordres en portant au cou de tout petits veaux en or, il les obligea à s’attacher au cou un bloc de bois de six livres et à garnir leurs vêtements de clochettes pour signaler leur présence de loin (vers 1010). Plus tard, il fit démolir des synagogues et des églises et expulsa juifs et chrétiens (1014). Comme le khalifat des Fatimides s’étendait alors en Égypte, dans le nord de l’Afrique, en Palestine et en Syrie, et avait même des adhérents à Bagdad, les Juifs orientaux ne savaient où se réfugier. Pour échapper à l’exil et à la mort, beaucoup d’entre eux se firent musulmans. Cette situation ne cessa qu’avec la vie de Hakim. Fatigué des folies de leur souverain, les musulmans l’assassinèrent (1020).

En Babylonie, le gaonat expirant jetait alors quelques dernières lueurs avec Haï et Samuel ben Hofni. Comme on a vu plus haut, Haï avait trente ans quand il succéda à son père Scherira à la tête de l’académie de Pumbadita. Caractère ferme et indépendant, esprit élevé, penseur profond, Haï ressemblait beaucoup à Saadia, qu’il se proposait comme modèle et dont il défendait fréquemment la mémoire contre d’injustes agressions. Comme lui, il écrivait l’arabe très facilement, et il se servait de cette langue pour répondre aux consultations qui lui étaient adressées et traiter diverses questions scientifiques. Large d’idées comme Saadia, il admettait