prêchaient en espagnol ou en portugais, s’attachant à bien débiter leurs sermons.
Les autres Juifs reconnaissaient la supériorité de leurs coreligionnaires sefardim, dont l’influence ne tardait pas à prévaloir là même où ils se trouvaient en minorité. Durant le siècle qui suivit leur expulsion, ils furent mêlés partout, excepté en Allemagne et en Pologne, à tous les événements de l’histoire juive, les noms de leurs chefs se trouvèrent partout en vedette, et ils fournirent des rabbins, des écrivains, des penseurs et des rêveurs.
Tout le long de la côte de l’Afrique septentrionale et dans la partie habitable de l’intérieur, demeuraient de nombreux Juifs sefardim, qui n’avaient cessé d’y émigrer depuis la sanglante persécution de 1391 jusqu’à l’expulsion définitive des Juifs d’Espagne. Soumis à la tyrannie des petits princes berbères et aux caprices cruels de la population maure, et parfois même contraints de porter des vêtements spéciaux pour se distinguer du reste de la population, les Juifs pouvaient pourtant donner libre cours à leur activité, dans ces contrées, déployer à leur aise toutes les facultés de leur esprit et arriver à des situations élevées. Le souverain du Maroc comptait parmi ses conseillers un Juif qui lui avait rendu d’importants services. À Fez, où se trouvait une communauté juive de cinq mille familles, vivait un Juif d’origine espagnole nommé Samuel Alavensi, que le roi aimait pour son courage et sa grande valeur, et que la population, confiante en son habileté et sa loyauté, plaça à sa tête comme chef. La ville de Tlemcen était habitée en grande partie par des Juifs sefardim. Après la proscription d’Espagne, un des exilés, Jacob Berab, âgé de dix-huit ans (1474-1541), vint se réfugier dans cette ville, où il se distingua bientôt par sa grande activité. Il était peut-être, à cette époque, le rabbin le plus instruit et le plus intelligent, après son collègue allemand, Jacob Polak. Mais s’il avait beaucoup d’admirateurs, il s’était également attiré de nombreuses inimitiés par son entêtement, sa manie d’ergoter et son caractère insupportable.
La communauté d’Alger, qui avait perdu depuis quelque temps de son importance, était alors dirigée par un descendant de réfugiés espagnols de 1391, Simon Duran II, fils de Salomon Duran. De son temps, Simon fut considéré, ainsi que son frère, comme