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Bible, cette langue se compose de mots formés de racines trilittères, et fit remarquer que certaines consonnes disparaissent ou se changent en voyelles. Grâce à ses recherches, on apprit à distinguer les racines des mots d’avec leurs modifications et à en faire un emploi plus correct pour la poésie. Hayyoudj introduisit un changement profond dans l’étude de la langue hébraïque, il mit quelque ordre dans le chaos où ses prédécesseurs caraïtes et rabbanites, y compris Saadia, Menahem et Dounasch, avaient laissé régner la confusion et l’obscurité. N’ayant en vue que ses concitoyens, il écrivit ses œuvres en arabe ; elles restèrent donc inconnues des Juifs des autres pays, qui continuèrent à suivre la méthode de Menahem et de Dounasch.

Le représentant officiel du judaïsme en Andalousie était Hanok (né vers 940 et mort en 1014), qui avait succédé à son père Moïse comme rabbin de Cordoue. Il avait un rival, Joseph Isaac ibn Abitour, aussi savant talmudiste que lui, et, de plus auteur de poésies liturgiques et familiarisé avec la langue arabe. Sur le désir du khalife Alhakem, il avait même traduit la Mishna en arabe. Tant que Hasdaï vécut, la rivalité entre Hanok et Ibn Abitour ne troubla pas la communauté. Dès qu’il fut mort, les discussions éclatèrent. Le parti d’Ibn Abitour, composé des membres très nombreux de sa famille et de deux fabricants de soie de la cour, les frères Ibn Gau, essayait de faire placer son protégé à la tête des Israélites de Cordoue. Mais presque toute la communauté tenait pour Hanok. Les discussions furent longues et violentes entre les deux partis, et, comme ils ne parvenaient pas à s’entendre, ils en appelèrent finalement au khalife. Alhakem se prononça en faveur de Hanok. Battu une première fois, Ibn Abitour continua la lutte ; il fut mis en interdit par le parti victorieux. Il s’adressa alors personnellement au khalife, faisant valoir sa connaissance de la langue arabe et les services qu’il avait rendus au souverain par sa traduction de la Mishna. Ce fut peine perdue : Si mes Arabes, lui dit Alhakem, avaient montré pour moi le mépris que t’a témoigné la communauté de Cordoue, je quitterais mon royaume. Ibn Abitour comprit et partit de Cordoue (vers 975). Il s’embarqua pour l’Afrique, séjourna quelque temps dans le Maghreb, parcourut l’empire des khalifes