dans cette circonstance, l’empereur Frédéric. sortit de son indolence habituelle pour prendre arec énergie la défense des Juifs. Absolument convaincu de la fausseté de l’accusation dirigée contre eux, il fit adresser lettres sur lettres au Conseil de Ratisbonne, lui intimant l’ordre de faire sortir de prison les Juifs incarcérés, de laisser circuler librement les habitants du quartier juif et de rendre à leurs propriétaires les biens confisqués. Et comme le Conseil, par crainte des représailles de l’évêque et du duc, hésitait à obéir à l’empereur, et que, de plus, il fut accusé auprès de ce souverain d’avoir transgressé ses ordres en faisant mettre à mort plusieurs Juifs, Frédéric entra dans une violente colère. Il mit la ville de Ratisbonne au ban de l’empire pour cause de rébellion, et invita les conseillers à venir se justifier devant lui. En même temps, il délégua à Ratisbonne un fonctionnaire impérial pour enlever à la ville la juridiction criminelle et la menacer encore d’autres châtiments.
Déconcerté un instant par l’attitude résolue de Frédéric, le clergé de Ratisbonne espéra modifier les sentiments de l’empereur à l’égard de la population juive en l’impliquant dans de nouvelles inculpations. À ce moment, des Juifs de Passau, accusés d’avoir acheté et profané des hosties ; avaient été exécutés sur l’ordre de l’évêque de cette ville. Les uns avaient été condamnés à mourir par le glaive, les autres à être brûlés sur le bûcher, d’autres enfin à avoir les chairs arrachées par des tenailles rougies au feu. a En l’honneur de Dieu u et de ces exécutions sanglantes, on construisit une nouvelle église au printemps de 1478. Comme un Juif et une Juive de Ratisbonne avaient été également inculpés d’avoir pris part à cette profanation d’hosties et incarcérés, le alerté en informa l’empereur, dans l’espoir d’exciter sa colère contre les Juifs. Mais Frédéric persista dans l’opinion que les Juifs de Ratisbonne étaient innocents, et il défendit de torturer ou de tuer les Juifs détenus pour profanation d’hosties. Il ajouta : Il est de mon droit et de mon honneur de ne plus laisser massacrer la population juive, et comme les bourgeois de Ratisbonne se sont montrés longtemps rebelles à mes ordres, je leur défends de juger dorénavant les Juifs.
À la fin, après de longues résistances, le Conseil dut promettre