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rôle particulièrement important. La capitale de l’Andalousie comptait plusieurs milliers de Juifs, qui rivalisaient de luxe avec les Arabes. Habillés de soie, coiffés de riches turbans, se montrant en public dans de somptueux carrosses ou sur de magnifiques coursiers, ils avaient des manières chevaleresques, qui les distinguaient avantageusement de leurs coreligionnaires d’autres pays. Il y a cependant une ombre à ce tableau. Plusieurs d’entre eux devaient leurs richesses au commerce d’esclaves, ils vendaient des Slavons aux khalifes, qui en faisaient leurs gardes du corps.

Après la mort de Moïse (vers 965), deux compétiteurs se disputèrent sa succession, son fils Hanok et un de ses disciples, Joseph ben Isaac ibn Abitour. Ce dernier, né en Espagne, était poète et connaissait la littérature arabe, tandis que Hanok n’avait que des connaissances talmudiques et n’était pas originaire du pays. Chacun des deux rivaux avait ses partisans. Hasdaï se prononça pour Hanok et fit ainsi pencher la balance en sa faveur.

Hasdaï ibn Schaprout mourut vers 970, sous le règne du khalife Alhakem, laissant parmi les Juifs comme parmi les musulmans le souvenir d’un homme aimé et respecté et d’un ministre de grand mérite.



CHAPITRE II


fin du gaonat en Babylonie. aurore de la civilisation juive en espagne
(970-1070)


Quand une institution historique porte en elle le germe de la mort, les plus énergiques efforts ne peuvent la sauver. On parvient quelquefois, par des merveilles d’activité et de dévouement, à en prolonger l’existence, mais ce n’est là qu’une vie factice ou plutôt un prolongement d’agonie. Une fois que les communautés d’Espagne et d’Afrique eurent retiré leur appui au gaonat, il était forcément condamné à périr. C’est en vain que deux hommes éminents, doués de vertus solides et de connaissances étendues, essayèrent succes-