Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/389

Cette page n’a pas encore été corrigée

et, en cas de maladie, les dignitaires de l’Église comme les grands préféraient recourir aux soins de Juifs. Un célèbre médecin juif, Guglielmo (Benjamin) di Portaleone, de Mantoue, après avoir été attaché à la personne du roi Ferdinand, de Naples, et élevé par lui à la dignité de chevalier, entra ensuite au service de Galeazzo Sforza, duc de Milan, et plus tard (en 1479) à celui du duc Ludovic Gonzague. Il devint le chef, en Italie, d’une famille noble et d’une suite d’habiles médecins. Dans ce pays, Juifs et chrétiens entretenaient entre eux les meilleures relations. Ainsi, quand un Juif de Crema, Léon, célébra le mariage de son fils par des fêtes qui se prolongèrent pendant huit jours, de nombreux chrétiens y prirent part, au grand émoi du clergé. On semblait avoir déjà complètement oublié la bulle par laquelle le pape Nicolas V venait d’interdire tout commerce avec les Juifs et défendait de recourir à des médecins juifs. Au lieu de porter les signes distinctifs prescrits par l’Église, les médecins juifs revêtaient une sorte de costume, comme leurs collègues chrétiens, et les Juifs qui fréquentaient les cours portaient des chaînes d’or et d’autres insignes d’honneur.

À cette époque, se passa à la fois en Italie et en Allemagne un fait presque identique, qui, par les conséquences bien différentes qu’il eut dans les deux pays, montre avec éclat combien la situation des Juifs italiens était plus satisfaisante que celle de leurs autres coreligionnaires. À Pavie, une mère de famille, par aversion pour son mari, avait manifesté le désir de se faire baptiser. Elle entra alors dans un couvent, où elle fut catéchisée pour être prête à recevoir le baptême. Mais se repentant brusquement de sa résolution, elle demanda à rester juive. Loin de la punir de son changement d’opinion ou de mettre obstacle à la réalisation de son vœu, l’évêque de Pavie plaida, au contraire, sa cause auprès de son mari et porta témoignage en faveur de sa bonne conduite, afin que le mari, qui était cohen, ne fût pas contraint, conformément à la loi juive, de la répudier.

Dans la même année, un chantre de Ratisbonne, du nom de Calmann, voulut aussi embrasser le christianisme. Il se rendait souvent à l’église, faisait de fréquentes retraites dans un couvent et alla enfla demeurer chez l’évêque, qui l’instruisit dans la religion