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bienveillantes du nouveau pape, délégua auprès de lui plusieurs de ses membres pour lui demander sa protection. On dit même que les Juifs espagnols lui envoyèrent une députation chargée de plaider leur cause. Un des délégués était le très riche Samuel Abravalla, qui s’était fait baptiser lors des massacres de Valence. Comme les Juifs se plaignaient que leur vie fût sans cesse en danger, leur foi menacée et leurs sanctuaires profanés, le pape Martin promulgua une bulle (31 janvier 1419), qui débutait ainsi : Puisque les Juifs sont faits à l’image de Dieu et que les débris de leur nation trouveront un jour le salut, nous décrétons, à l’exemple de nos prédécesseurs, qu’il est défendu de les troubler dans leurs synagogues, d’attaquer leurs lois, us et coutumes, de les baptiser par contrainte, de les forcer à célébrer les fêtes chrétiennes, de leur imposer le port de nouveaux signes distinctifs ou de mettre obstacle à leurs relations commerciales avec les chrétiens. Cette bulle peut être considérée jusqu’à un certain point comme une protestation contre les mesures prises par l’antipape Benoît XIII.

Il est permis de supposer que les riches cadeaux offerts par les différentes délégations juives à Martin V ne furent pas tout à fait sans influence sur les sentiments de bonté manifestés par le pontife à l’égard des Juifs. Il parait que sans monnaie trébuchante et sonnante on n’obtenait rien de lui. Ici, à la cour papale, dit l’ambassadeur de l’ordre teutonique, l’amitié s’évanouit quand l’argent disparaît. L’empereur Sigismond aussi, pour se justifier de prélever des contributions extraordinaires sur les Juifs ; d’Allemagne et d’Italie, leur dit qu’il n’avait pu faire renouveler par le pape leurs anciens privilèges qu’au prix de sommes considérables.