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avaient réussi à créer une scission parmi les notables juifs. liais en dépit de tous leurs efforts, malgré leurs prévenances, malgré leurs menaces, malgré l’outrage et les calomnies qu’ils déversèrent sur les croyances juives, ils ne parvinrent pas à ébranler dans sa foi un seul des vingt-deux représentants du judaïsme.

Avant de renoncer définitivement à l’espoir de convertir les notables juifs, le pape usa à leur égard d’un dernier moyen d’intimidation. Pendant qu’on discutait à Tortose, Vincent Ferrer avait continué sa campagne de prosélytisme avec l’aide de sa troupe de flagellants, et sous l’action de la terreur qu’ils inspiraient et des discours enflammés du dominicain, des milliers de Juifs s’étaient fait baptiser (février - juin 1414). Il n’y eut qu’un petit nombre de convertis dans les grandes communautés de Saragosse, Catalajud et Daroque, mais, par contre, plusieurs petites communautés, dont l’existence était menacée par les chrétiens au milieu desquels elles se trouvaient isolées, passèrent tout entières au christianisme. Tous ces nouveaux convertis, la cour papale les fit venir par groupes à Tortose, où ils se présentèrent tous ensemble à la salle des séances et firent publiquement leur profession de foi de chrétiens. C’étaient là, pour l’Église, des trophées vivants, et le pape pensait qu’à leur vue les défenseurs du judaïsme perdraient enfin courage et se déclareraient vaincus. Il fallait, en effet, une énergie à toute épreuve à Vidal Benveniste, à Joseph Albo, à Astruc Lévi et à leurs collègues pour rester fidèles à leur religion au milieu de toutes ces défaillances et en dépit des souffrances physiques et morales qu’ils avaient à supporter. Car il paraît qu’un frère même de Vidal Benveniste, nommé Todros Benveniste, de Saragosse, ainsi que plusieurs membres de la célèbre famille Benveniste Caballeria avaient accepté le baptême. Un de ces nouveaux chrétiens, Bonafos, qui, après son abjuration, avait pris le nom de Micer Pedro de la Caballeria et arriva à une situation élevée comme jurisconsulte, devint ennemi implacable de ses anciens coreligionnaires. Mais le pape fut déçu dans ses prévisions, les Juifs ne se convertirent pas en masse. À part quelques défaillances, les grandes communautés de l’Aragon et de la Catalogne demeurèrent inébranlables dans leur foi, et Benoît XIII n’eut pas la joie de se présenter en