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fonction lui rapportait, et si sa fortune ne suffisait pas pour payer l’amende, on confisquait d’abord tous ses biens et, de plus, il était condamné à recevoir cinquante coups de lanière. On reconnaît dans cette loi l’influence de Paul de Santa-Maria. Ce renégat connaissait les points vulnérables des Juifs espagnols, il savait qu’il s’en trouverait parmi eux qui ne reculeraient pas devant l’apostasie pour conserver leurs dignités, et que ceux qui resteraient fidèles à leur foi ne tarderaient pas, une fois exclus de la société chrétienne et de toute participation à la vie publique, à déchoir et à perdre tout crédit.

Mais Paul de Santa-Maria poursuivait particulièrement de sa haine Meïr Alguadès, médecin du défunt roi, peut-être parce que ce savant avait servi de trait d’union entre les différents polémistes juifs qui avaient démasqué et raillé l’apostat. Pour perdre Alguadès, il le fit impliquer dans un procès criminel intenté à un Juif de Ségovie. Pendant que la reine mère séjournait arec son fils dans cette ville, un Juif fut, en effet, accusé d’avoir acheté une hostie pour la profaner. Terrifié par les miracles qu’elle opérait, il l’aurait rendue au prieur d’un couvent. L’évêque Juan Velasquez de Tordesillas, voulant donner une très grande importance à cette affaire, fit emprisonner plusieurs Juifs, et parmi eux Alguadès, comme complices du principal accusé. Sur l’ordre de la régente, Alguadès et les autres inculpés furent mis à la question et avouèrent le sacrilège qu’on leur imputait. On répandit même le bruit que, sous l’action de la torture, Alguadès aurait affirmé que Don Henri III n’était pas mort de mort naturelle, mais que lui l’avait empoisonné. Quoiqu’il fût de notoriété publique que le roi avait été débile et maladif dès son enfance, Alguadès, à qui les juges avaient sans doute posé cette question d’empoisonnement pendant qu’on le torturait, fut déclaré coupable du meurtre du roi et condamné à un horrible supplice : on lui arracha membre par membre. Ce tribunal ordonna d’infliger le même supplice à ses co-accusés et de transformer une synagogue en église.

Les maux dont souffraient alors les Juifs d’Espagne, et qui n’étaient que le prélude des plus sombres événements, favorisèrent L’éclosion de nouvelles rêveries messianiques, qui, comme précédemment, prirent naissance dans des esprits mystiques. En ce