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de soixante-dix communautés juives de la Castille devinrent le théâtre des plus odieux excès.

Les chrétiens voulaient infliger aux Maures de Séville le même traitement qu’aux Juifs. Mais on fit comprendre à la foule qu’en persécutant les musulmans de Séville, elle mettait en danger la vie des chrétiens du royaume musulman de Grenade et de ceux qui étaient esclaves parmi les Berbères. On ne se montrait implacable que pour les Juifs, parce qu’ils étaient faibles et ne pouvaient compter sur aucun secours.

Dans le royaume d’Aragon également, qui était pourtant toujours en désaccord avec la Castille, les chrétiens suivirent l’exemple de ce dernier pays. Trois semaines après les massacres de Tolède, les mêmes scènes se renouvelèrent dans la province de Valence. À Valence, la capitale, il ne resta plus un seul Juif d’une communauté de cinq mille personnes. Plus de deux cents Juifs périrent, les autres cherchèrent le salut dans la fuite ou l’abjuration. Dans toute la province, la seule communauté de Murviedro échappa au massacre. À Palma, capitale de l’île de Majorque, un groupe de vagabonds et de matelots, précédés d’une croix, traversaient la rue juive de Montesion en criant : Mort aux Juifs ! , quand un Juif vigoureux, attaqué par un de ces forcenés, étrangla son agresseur. Ce fut le signal du massacre. Trois cents Juifs furent tués, entre autres le rabbin En-Vidal Éphraïm Gerundi. Beaucoup de Juifs abjurèrent.

Trois jours plus tard, le carnage commença à Barcelone, capitale de la Catalogne, où se trouvaient tant de Juifs remarquables par leur intelligence, leurs richesses et leur noblesse de cœur. Un jour de sabbat, pendant la fête de la Vierge (15 août), on tomba sur les Juifs. Plus de deux cents périrent dans cette première émeute. Mais la plus grande partie de la communauté put se réfugier dans un château fort, où le gouverneur de la ville leur offrit un asile. Furieuse de voir lui échapper sa proie, la populace assiégea le fort, essaya ensuite de le prendre d’assaut, et finalement y mit le feu. En voyant qu’il ne leur restait plus aucun espoir de salut, une partie des assiégés se tuèrent eux-mêmes, d’autres se précipitèrent du haut des murs dans les flammes, d’autres enfin préférèrent mourir en combattant. Parmi les martyrs se trouva l’unique fils de