rois Visigoths, demandaient sans cesse que le roi imposât des restrictions aux Juifs, et Don Juan s’empressait de leur donner satisfaction. Sur les instances des cortès de Valladolid (1385), il érigea en lois d’État les dispositions canoniques qui défendaient aux Juifs de demeurer dans ! a même maison que des chrétiens ou de prendre des nourrices chrétiennes. Il décida également que ni juifs ni musulmans ne pourraient plus remplir les fonctions de trésorier (almoxarif) auprès du roi, de la reine ou d’un infant.
Fait à peine croyable, le roi qui prit ces mesures restrictives contre les Juifs vit lui échapper la couronne du Portugal à cause des rivalités suscitées à propos de l’élection du grand-rabbin de son royaume.
Le Portugal était alors gouverné parle roi Fernand (1367-1383), qui traitait les Juifs avec bienveillance. Du reste, dans ce pays, le judaïsme avait une organisation qu’on ne rencontrait alors dans aucune autre contrée de l’Europe. À la tête des Juifs du Portugal se trouvait un grand-rabbin (Ar-rabbi-mor), nommé par le roi, qui avait son sceau spécial, rendait la justice et promulguait des ordonnances qu’il signait de son nom avec cette addition. Par la grâce du roi, mon maître, Ar-rabbi-mor des communautés de Portugal et d’Algarves. Il était tenu de visiter tous les ans les diverses communautés, d’examiner leur situation, d’écouter leurs doléances même contre les rabbins et de faire disparaître les abus. II était accompagné, dans ses voyages, d’un juge juif (ouvidor), d’un chancelier (chanceller), d’un secrétaire (escrivio) et d’un employé chargé de faire exécuter les arrêts de la justice (porteiro jurado). Sous ses ordres fonctionnaient, dans les sept provinces du royaume, sept rabbins de district (ouvidores), nommés par lui, dont chacun surveillait les communautés de son district et jugeait en appel. Les rabbins locaux étaient élus par les membres de la communauté, mais leur nomination devait être ratifiée, au nom du roi, par le grand-rabbin ; ils exerçaient la juridiction civile et pénale. Les documents officiels étaient rédigés dans la langue du pays.
Le roi Fernand eut deux favoris juifs, Don Juda, son trésorier (tesoureiro-mor), et Don David Negro, son conseiller et confident. Quand il fut mort, les administrateurs de la ville de Lisbonne allèrent demander à la reine Léonore, qui avait pris la régence,