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prince de Galles lui ayant retiré son appui, Henri put revenir de France avec de nouvelles troupes et s’emparer rapidement du nord de l’Espagne. Burgos également lui ouvrit ses portes. Seul le quartier juif résista, défendu par ses habitants et par quelques fidèles chevaliers de Don Pedro. Mais les assaillants étaient trop nombreux, les Juifs durent céder. Ils obtinrent, du moins, une honorable capitulation, ils purent continuer à demeurer à Burgos et à jouir des mêmes droits qu’auparavant. Henri leur fit seulement payer une taxe de guerre d’un million de maravédis.

Mais les chrétiens n’étaient pas satisfaits de la liberté laissée aux Juifs. Dans une pétition qu’elles adressèrent à Henri, les cortès de Burgos déclarèrent que les Juifs étaient en partie responsables de la guerre civile, puisqu’ils jouissaient de la faveur de Don Pedro, et qu’il fallait, par conséquent, les en punir en leur interdisant l’accès de tout emploi public et en leur défendant d’affermer les impôts et même de se faire nommer médecins du roi et de la reine. Henri répondit que jusqu’alors aucun roi castillan n’avait encore écarté les Juifs des emplois publics, qu’il était cependant résolu à ne pas leur laisser prendre une influence qui pourrait nuire au pays, mais que, d’autre part, il ne coudrait pas les pousser au désespoir et les forcer ainsi à se joindre aux partisans de Don Pedro, qui étaient encore nombreux dans le pays.

De fait, la plupart des communautés juives restèrent fidèles à Don Pedro, qui, de son côté, les protégea tant qu’il eut le moindre pouvoir, et les recommanda même au roi musulman de Grenade, son allié. Malheureusement, la protection de Don Pedro n’était pas toujours suffisante, et amis et ennemis maltraitèrent les Juifs. Les troupes anglaises du prince de Galles exterminèrent presque totalement les communautés de Villadiego et d’Aguilar, et le roi de Grenade emmena captives dans sa capitale trois cents familles juives de Jaen. Du Guesclin se montra encore plus dur pour les Juifs, qu’il traita non pas en soldats qui se battent loyalement pour leur roi, mais en esclaves révoltés contre leur maître.

Ce fut surtout la communauté de Tolède qui souffrit de la lutte entre Henri et Don Pedro. On a déjà vu plus haut que les