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Le médecin et astrologue du roi était également un Juif, Abraham ibn Çarçal. Au reste, il vivait tant de Juifs à la cour de Don Pedro que, pour marquer leur mépris, ses détracteurs la qualifièrent de cour juive. Que ce fût par pur sentiment d’équité ou sur la recommandation de ses favoris juifs, Don Pedro protégeait les Juifs de son royaume autant que ses autres sujets. Aussi, quand les cortès de Valladolid lui présentèrent (mai 1351) une pétition pour qu’il supprimât la juridiction spéciale des Juifs et ne leur laissât plus leur propre alcade (juge), il leur répondit que, dans la situation qui leur était faite, les Juifs avaient besoin d’une protection particulière, parce qu’ils n’obtiendraient pas justice devant un tribunal chrétien.

Sur ces entrefaites, survint une histoire de mariage qui amenai la guerre civile et troubla la sécurité des Juifs de Castille. Pendant que les ministres de Don Pedro négociaient son mariage avec Blanche, fille du duc de Bourbon, le roi tomba amoureux de la belle et spirituelle Marie de Padilla ; on dit même qu’il l’épousa devant témoins. Il désavoua donc la demande de mariage adressée en son nom à Blanche de Bourbon. Celle-ci vint quand même en Espagne, et, à la suite des intrigues et des démarches pressantes des plus proches parents de la princesse, Don Pedro consentit à laisser célébrer son mariage avec elle. Riais il ne resta avec elle que deux jours.

De là, de très vives dissensions parmi les courtisans, les uns se déclarant pour la princesse de Bourbon et les autres pour Marie de Padilla. Samuel, et avec lui tous les Juifs d’Espagne, se rangèrent du côté de Marie. C’est qu’ils avaient appris que Blanche de Bourbon voyait arec déplaisir les Juifs occuper une situation élevée à la cour et qu’elle avait manifesté publiquement l’intention de les en chasser et même d’expulser tous les Juifs d’Espagne. Il est donc naturel que, sous le coup d’une telle menace, les favoris juifs se soient décidés à combattre l’influence de la reine et à soutenir énergiquement Marie de Padilla. Partisans de la reine et partisans de la favorite se combattaient avec acharnement. Albuquerque, qui s’était déclaré d’abord contre Blanche de Bourbon et s’était ensuite laissé enrôler sous sa bannière, tomba en disgrâce. Il fut remplacé par Samuel, qui devint le conseiller le