sorte mesurer de combien de degrés le niveau du judaïsme officiel avait baissé depuis Maïmonide. Dans le code de Maïmonide, c’est la raison qui prédomine ; l’auteur rattache, plus ou moins heureusement, la moindre pratique à des principes qui forment la base même de la religion. Le code de Jacob est caractérisé par un étroit rigorisme, tel qu’il régnait alors dans les communautés juives de l’Allemagne, et qui multipliait les aggravations et les actes de contrition. On y trouve bien plus de prescriptions établies par des autorités rabbiniques trop scrupuleuses que de lois extraites du Talmud. II semble que, dans ce recueil, le judaïsme talmudique soit devenu un judaïsme purement rabbinique. Jacob y a même inscrit comme lois religieuses de simples fantaisies cabalistiques. Cet ouvrage laisse aussi beaucoup à désirer sous le rapport de la forme, de l’exposition et de la langue. Mais malgré ses défauts, il fut accueilli avec une grande faveur. Sauf quelques rares exceptions, rabbins et juges, en Espagne comme en Allemagne, le préférèrent au livre de Maïmonide. Ils étaient contents de posséder un code définitif où ils trouvaient facilement tout ce qu’ils avaient besoin de savoir, qui n’exigeait pas une étude approfondie et s’adressait bien plus à la mémoire qu’à l’intelligence. En un mot, le Tur de Jacob devint un manuel indispensable à tous ceux qui voulaient connaître le judaïsme tel que le comprenaient alors les rabbins.
Juda, le frère de Jacob, l’égalait en savoir et en vertu, mais ne possédait pas, comme lui, un esprit d’ordre et de rigoureuse méthode. Après la mort de son pure, il lui succéda comme rabbin de Tolède. Il remplit ses fonctions avec une conscience scrupuleuse et une parfaite impartialité, et il avait le droit de se faire rendre par la communauté le témoignage que jamais il ne s’était rendu coupable de la moindre faute. Mais il se sentit toujours dépaysé en Espagne, et il parait que dans son testament il conseilla à ses cinq fils de retourner en Allemagne. Les persécutions que subirent alors les Juifs d’Allemagne, pendant la période de la peste noire, engagèrent probablement les fils de Juda à rester en Espagne, où ils se trouvaient sans doute plus en sécurité que dans la patrie de leur aïeul.
Grâce au zèle fanatique d’Abba Mari, à l’anathème lancé par