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d’Espagne dans le sud de la France, raconte ainsi ses souffrances : Ils m’ont chassé de l’école ; encore jeune, j’ai dû abandonner, pauvre et nu, ma maison paternelle et errer à travers des pays et des nations dont j’ignorais la langue. Parhi ne trouva quelque tranquillité qu’en Palestine.

D’autres expulsés se rendirent également en Palestine ou émigrèrent dans les pays les plus lointains. Mais la plupart s’établirent dans le voisinage de la frontière française, en Provence, dont une partie était alors placée sous la souveraineté de l’Allemagne, et dans le Roussillon, qui appartenait au roi de Majorque. Il y eut même des Juifs qui restèrent en France, tout en refusant d’adopter le christianisme. Ceux-là furent tués.

Malgré la catastrophe qui venait d’atteindre les Juifs de France, la lutte née à Montpellier entre amis et adversaires des études profanes reprit sur un autre théâtre. Plusieurs des partisans de Tibbon s’étaient établis à Perpignan, ville qui appartenait au roi de Majorque. Non pas que ce prince, qui avait fait brûler des exemplaires du Talmud, fut favorable aux Juifs, mais il appréciait leur activité industrieuse, et il espérait qu’ils seraient utiles à son État. Abba Mari, suivi d’autres membres de la communauté de Montpellier, avait d’abord fixé sa résidence à Arles. Mais ne pouvant y rester, il se rendit également à Perpignan (janvier 1307). Comme le parti opposé jouissait d’une certaine influence auprès du roi ou peut-être du gouverneur de Perpignan, il essaya de faire interdire à Abba Mari le séjour de cette ville. De là, nouveau conflit et nouvelle intervention de Salomon ben Adret et surtout d’Ascheri, qui déclara se repentir de n’avoir interdit les études profanes que jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans. À son avis, ces études devraient être totalement prohibées, parce qu’elles mènent à l’incrédulité, et leurs défenseurs, persistant dans leur erreur en dépit du malheur qui venait de les atteindre, mériteraient plus Glue jamais une excommunication rigoureuse.

Après la mort de Ben Adret (1310), l’opinion d’Ascheri au sujet de la prétendue action néfaste exercée par la science sur le judaïsme prévalut de plus en plus, parce qu’il était alors le seul rabbin dont la compétence dans les questions religieuses fait reconnue sans conteste en Espagne et dans les pays voisins. Grâce à son influence