judaïsme, probablement avec l’assentiment tacite de l’empereur et du clergé.
Quoique les excès eussent momentanément pris fin, Ascheri ne se sentait plus en sécurité en Allemagne. Peut-être aussi quitta-t-il ce pays pour échapper à un danger qui le menaçait de la part de l’empereur Albert. On raconte, en effet, que le souverain lui aurait réclamé l’argent promis par les Juifs pour la rançon de Meïr de Rothenbourg et pour laquelle lui, Ascheri, se serait porté caution. Il partit donc de l’Allemagne (dans l’été de 1303) arec sa femme et ses huit fils, errant de ville en ville et recevant le plus cordial accueil partout où il passait, et notamment à Montpellier, où la guerre entre partisans et adversaires de la science n’avait pas encore éclaté. Enfin, il arriva (en janvier 1305) à Tolède, la plus grande ville d’Espagne, s’y fixa définitivement et fut nommé rabbin de la communauté.
Ascheri ne dissimula pas à ses ouailles son aversion pour toute science profane. Il se montrait tout surpris de voir en Espagne et dans le sud de la France des hommes mêmes pieux s’adonner encore à d’autres études qu’à celle du Talmud, et il déclarait être reconnaissant envers Dieu d’avoir préservé son esprit de tendances aussi funestes. L’influence d’un tel homme, incapable de comprendre l’utilité des recherches scientifiques et ennemi de toute étude profane, ne pouvait qu’être nuisible à la science. Comparé à Ascheri, Ben Adret lui-même pouvait presque passer pour un ami des libres recherches.
Naturellement, Abba Mari s’empressa de solliciter l’appui d’Ascheri dans la lutte qu’il soutenait contre la science. Celui-ci le lui accorda. Il alla même plus loin qu’Abba Bari, il déclara que pour détruire le poison de l’hérésie qui s’était infiltré dans le judaïsme, il ne suffisait pas d’interdire seulement les études profanes à ceux qui n’avaient pas encore atteint l’âge de la maturité. Il émit l’avis de convoquer un synode pour décider qu’à tout âge les Juifs ne pourraient étudier que le Talmud, et qu’on ne leur permettrait de s’occuper de science que pendant ce court instant de la journée où il ne fait ni jour ni nuit.
Ce zèle exclusif et excessif pour l’étude du Talmud, manifesté par une personnalité active et marquante comme l’était Ascheri,