répond à plusieurs reprises que seule l’époque où il parut avait été jugée digne de connaître l’enseignement de limon ben Yohaï, parce qu’elle se distinguait par sa piété et sa vertu, et aussi parce que l’avènement du Messie était proche.
Il n’existe peut-être pas d’ouvrage qui ait exercé une action aussi profonde et soit en même temps aussi bizarre par la forme et le fond que le Zohar. C’est un livre qui n’a ni commencement ni fin, et dont il est difficile d’affirmer si, à l’origine, il contenait plus ou moins qu’il ne contient actuellement. Il est composé de trois parties principales, auxquelles sont venues s’ajouter, au hasard, des additions et des explications. Mais, est-ce un commentaire sur le Pentateuque ? un manuel de théosophie ? un recueil de sermons cabalistiques ? Impossible de se prononcer. Parfois on y rencontre une idée intéressante, un commencement de raisonnement sérieux, qui, tout à coup, se termine en divagation et en extravagance.
Le Zohar part de ce principe qu’il ne faut pas s’arrêter au sens superficiel des récits et des prescriptions de la Tora, mais qu’il est nécessaire d’en pénétrer la signification cachée. Il n’est pas admissible, fait-il dire à un disciple de Simon ben Yohaï, que la divinité ait voulu simplement nous raconter des événements aussi peu intéressants que l’histoire d’Agar, d’Ésaü, de Laban, de Jacob ou de l’ânesse de Balaam. Un recueil de tels récits, si on les prend à la lettre, ne mérite pas le nom de Tora. En effet, réplique Simon ben Yohaï (ou plutôt Moïse de Léon), ce qui donne sa valeur à la Tora, c’est le sens mystique, le sens caché de son contenu. Les récits bibliques ressemblent à un bel habit que les sots admirent sans se préoccuper de ce qu’il couvre. Et cependant, sous cet habit existe un corps, qui, lui-même, renferme une âme. Malheur aux pécheurs qui ne voient dans la Tora que de simples récits, qui ne tiennent compte que du vêtement extérieur ! Heureux les sages qui s’efforcent de soulever le voile ! Confondre la vraie Tora avec les histoires qu’elle raconte, c’est confondre la cruche avec le vin qu’elle contient.
Avec un tel système d’interprétation, Moïse de Léon pouvait se livrer à toutes les fantaisies d’une imagination déréglée. Il s’occupe spécialement de filme, de son origine, de sa fin, de ce qu’elle