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leur accusation devait être corroborée au moins par un Juif. Le fait d’imposer par contrainte le baptême à un enfant juif était puni comme un véritable rapt. Dans la crainte que les tribunaux ordinaires ne fussent disposés à traiter les Juifs avec injustice, Frédéric créa pour eux une juridiction spéciale ; il menaça aussi de peines sévères ceux qui profaneraient leurs cimetières ou leurs synagogues. Il favorisa surtout leur négoce et protégea leur commerce d’argent par des garanties sérieuses, dans le désir d’étendre également sur les Juifs ses grâces et sa bienveillance. Vingt ans après sa promulgation, le Règlement de Frédéric le Belliqueux était en vigueur dans plusieurs autres États, en Hongrie, en Bohême, dans la Grande Pologne, dans ta Misnie, la Thuringe et, plus tard, en Silésie.

Cet exemple de tolérance donné par un petit prince irrita l’empereur Frédéric II, qui multiplia les mesures d’exception contre les Juifs, les tenant éloignés plus rigoureusement que jamais de tout emploi public, déclarant que partout où ils se trouvaient ils étaient serfs de la chambre impériale, et les accablant d’impôts.

Quoique ennemi de l’Église, il leur appliquait les décisions du concile de Latran plus sévèrement que les rois d’Espagne. Il permettait bien aux Juifs d’Afrique qui fuyaient devant le fanatisme des Almohades de s’établir en Sicile, mais, tandis qu’il exemptait les autres immigrants de tout impôt pendant dix ans, il faisait payer aux Juifs de très lourdes taxes.

C’est vers cette époque qu’à l’occasion d’une nouvelle croisade de sanglantes persécutions eurent lieu en France contre les Juifs. Dans l’Anjou et le Poitou, à Bordeaux comme à Angoulême, on voulut contraindre les Juifs à accepter le baptême. Irrités de leur refus opiniâtre, les croisés les traitèrent avec une cruauté féroce, écrasant sans pitié sous les pieds de leurs chevaux hommes, femmes et enfants, lacérant les rouleaux sacrés, brûlant maisons et synagogues, et pillant tout ce qu’ils pouvaient emporter. Plus de trois mille Juifs périrent ainsi dans l’été de 1236. Près de cinq cents embrassèrent le christianisme. De nouveau, les malheureux Juifs invoquèrent la compassion du pape, qui invita les prélats et saint Louis à les protéger contre les baptêmes forcés et le meurtre. Mais quelle action pouvaient exercer ces interventions momentanées