Moïse Aboulafia, et maïmonistes et antimaïmonistes désiraient obtenir son adhésion. Ami de Salomon de Montpellier et cousin de Yona, il se décida en faveur des adversaires de Maïmonide, et quand il apprit que Salomon avait été excommunié, il s’empressa de plaider sa cause auprès des communautés d’Aragon, de Navarre et de Castille.
Dans cette lutte, qui menaçait de rompre l’ancienne unité du judaïsme, Nahmani conseillait à tous la prudence, le calme et la réflexion. Mais un esprit impartial seul aurait pu agir sur les deux partis, et Nahmani montrait ouvertement ses préférences pour les antimaïmonistes : Quand même, dit-il, les rabbins français, qui sont nos maîtres, obscurciraient le soleil en plein jour et couvriraient la lune, nous n’aurions pas le droit de leur rien objecter. Les communautés d’Espagne se refusèrent à suivre Nahmani, et, sur l’instigation de son chef, le médecin Bahiel ibn Alkoustantoni, Saragosse, la principale communauté d’Aragon, se prononça énergiquement en faveur de Maïmonide et maintint l’excommunication lancée contre Salomon et ses deux partisans. Bahiel, avec son frère Salomon et dix notables de Saragosse, envoya une épître à toutes les communautés d’Aragon (ab = août 1232) pour les engager à se joindre à eux contre a ceux qui ont osé attaquer Maïmonide, le grand homme qui nous avait délivrés de l’ignorance, de l’erreur et de la sottise n. Quoiqu’il soit prescrit par le judaïsme, ajoutèrent-ils, d’acquérir également des connaissances profanes, trois hommes se sont levés qui veulent égarer le peuple et ramener les communautés vers les ténèbres, ternissent la réputation de Maïmonide, interdisent la lecture de ses œuvres et condamnent, en général, toute recherche scientifique. Quatre communautés d’Aragon, celles de Huesca, Monzon, Calatajud et Lérida, s’associèrent à la protestation de Saragosse. Mais l’importante communauté de Tolède ne se laissa pas entraîner dans le mouvement maïmoniste. Son chef, Yehuda ben Joseph, de l’illustre famille des Ibn Alfahar, qui était probablement le médecin du roi Ferdinand III, écrivit à Nahmani que lui et ses amis n’obéiraient jamais aux objurgations des pécheurs de Provence, et que si les partisans de Maïmonide, assez nombreux à Tolède, se prononçaient contre Salomon de Montpellier, il se séparerait d’eux.