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vénérer des reliques. Les écrits philosophiques introduits d’Espagne en France, entre autres la traduction, faite sur l’ordre d’un archevêque, de l’œuvre d’Ibn Gabirol, étaient mis à l’index par le synode de Paris (1209). La petite lueur qui commençait à briller parmi les nations d’Europe gênait l’Église, elle l’éteignit. Seuls les juifs d’Espagne et du midi de la France défendaient encore vaillamment le flambeau de la science.

Eux aussi furent troublés dans leurs études. L’Église accumula contre eux les restrictions et les mesures d’exception pour les humilier et les outrager. Le concile d’Avignon (sept. 1209), présidé par Milon, légat du pape, décida que tous les barons et toutes les villes libres promettraient par serment de ne confier aucun emploi à des Juifs et de ne pas laisser s’engager des domestiques chrétiens dans des maisons juives. Ce même concile interdit aux Juifs de travailler le dimanche ou les jours de fêtes chrétiennes, et de manger de la viande aux jours de jeûne des chrétiens.

En Angleterre surtout, la situation des Juifs était alors particulièrement triste. Ils avaient dans ce pays de nombreux et puissants ennemis, d’abord le roi Jean sans Terre, qui ne reculait devant aucun moyen pour leur extorquer de l’argent, ensuite les barons, qui, voyant dans les Juifs une source de richesses pour Jean sans Terre, les englobaient tous dans leur haine pour le roi, enfin le cardinal Langton, imposé par le pape comme archevêque à Cantorbéry, et qui avait importé en Angleterre l’esprit de persécution de l’Église.

Effrayés par les souffrances qui les menaçaient de toutes parts et poussés en même temps par le désir de voir la Terre Sainte, que le poète Juda Hallévi avait réveillé dans tant de cœurs, trois cents rabbins de France et d’Angleterre émigrèrent à Jérusalem (1211), où ils furent accueillis avec bienveillance par le sultan Aladil, frère de Saladin. Les plus connus d’entre eux étaient Jonathan Kohen, de Lunel, partisan de Maïmonide, et Simson ben Abraham, qui avait, au contraire, attaqué avec vivacité l’auteur du Guide. Ces émigrés élevèrent à Jérusalem des synagogues et des écoles et implantèrent en Orient l’enseignement remarquable de l’école des tossafistes.

Ce fut à ce moment qu’un chef almohade du nord-ouest de