questions de la Mishna qui touchent à la science, et où il peut invoquer des principes tirés des mathématiques, de l’astronomie, de la physique, de l’anatomie, de la morale et de la philosophie. On voit qu’il se trouvait-là dans son véritable élément. Ces questions lui servaient à démontrer que les docteurs de la Mishna, les dépositaires de la tradition, n’ignoraient pas les sciences, qu’ils avaient enseigné une morale élevée, et que leur conception de Dieu était profondément philosophique. Il caractérisa aussi, dans cette œuvre, la véritable nature de la tradition. Selon lui, la tradition doit être fixe, nettement déterminée, au-dessus de toute contestation, et tous les éléments de la Mishna qui ne répondent pas à cette condition ne sont pas traditionnels. Par cette assertion, Maïmonide s’est mis, à son insu, en contradiction avec le Talmud et en a ébranlé les fondements.
La partie de l’œuvre à laquelle Maïmonide apporta des soins et un amour tout particuliers fut, sans contredit, le commentaire sur les Maximes des Pères. Dans ce commentaire, il utilisa le trésor de ses connaissances si étendues et si variées.
Convaincu qu’une connexité étroite existe entre la philosophie et la religion juive, Maïmonide arriva à se persuader que le judaïsme lui-même était une philosophie révélée et avait pour but de régler non seulement la conduite religieuse et morale des Juifs, mais aussi leurs pensées et leurs croyances. De là, sa résolution d’établir la dogmatique du judaïsme. Selon lui, la religion juive impose à ses adeptes la croyance à certaines vérités, qu’ils ne peuvent rejeter sans devenir renégats. Maïmonide fixe ces articles de foi au nombre de treize. Ce sont les suivants : Dieu existe ; il est un ; il est incorporel et immuable, il est éternel et a été antérieur à toute création ; seul il est digne de notre adoration ; des hommes élus ont été animés de l’esprit prophétique ; Moïse a été le plus grand des prophètes ; la Thora est d’origine divine ; elle est immuable ; Dieu connaît toutes nos pensées ; il récompense les bons et punit les méchants ; il enverra un jour le Messie ; il ressuscitera les morts.
Bien que ces articles de foi s’appuient en partie sur des recherches philosophiques et, par conséquent, ne s’imposent pas forcément à toute intelligence, Maïmonide ne considère cependant