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famille dei Mansi, et neveu de Nathan, l’auteur de l’Aroukh. À son entrée dans Rome, d’où un antipape l’avait tenu éloigné pendant plusieurs années, Alexandre III vit venir à sa rencontre, au milieu d’autres députations, les chefs de la communauté juive, portant des bannières et des rouleaux de la Loi.

Ce pape donna aux Juifs des preuves de son bon vouloir au concile de Latran de 1179, auquel assistaient plus de trois cents prélats. Plusieurs membres essayèrent de faire prendre des dispositions hostiles aux Juifs. Ceux-ci. avertis du danger qui les menaçait, vivaient dans une anxiété continuelle, priant et jeûnant. On ne sait pas ce qui se passa au concile, mais les décisions de cette haute assemblée sont animées d’un véritable esprit de justice et de tolérance. En dehors de la défense, faite depuis longtemps aux Juifs, d’employer des domestiques chrétiens, et qu’il renouvela, le concile de Latran ne prit aucune mesure contre eux. En revanche. il interdit de leur imposer le baptême par la violence, de les attaquer, de les piller ou de troubler la célébration de leurs fêtes religieuses. Ce fut certainement le pape Alexandre qui inspira ces décisions.

Leur situation était encore meilleure, sous la domination des Normands, dans l’Italie méridionale, à Naples et dans l’île de Sicile. Roger II et Guillaume II leur confirmèrent explicitement le privilège que, comme les Grecs et les Sarrasins, ils ne seraient jugés que d’après leurs propres lois.

De l’autre cité de l’Adriatique, dans l’empire byzantin, et particulièrement dans la Grèce proprement dite, dans la Thessalie, la Macédoine et la Thrace, ainsi que dans quelques îles, on trouvait aussi des communautés juives. Les plus importantes étaient les communautés de Thèbes et de Constantinople, comprenant près de deux mille familles ; la dernière renfermait, en outre, cinq cents caraïtes. Les Juifs de Thèbes étaient très habiles dans la fabrication de la soie et de la pourpre.

De tout temps, à l’époque de leur puissance comme au moment de leur décadence, les Byzantins haïssaient les Juifs et leur interdisaient l’accès des emplois publics. Aucun Juif ne pouvait même monter à cheval. Seuls, disait la loi, les hommes libres ont le droit de se servir de chevaux. L’empereur Emmanuel fit une exception