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père, Samuel était léger, d’humeur aventureuse, prodigue et de caractère indolent. Il avait étudié la médecine, savait l’arabe et le Talmud. Mais irrité des admonestations sévères de son père, il abandonna la science pour les affaires et se ruina. Peu à peu il revint aux études et traduisit en hébreu, outre les œuvres d’écrivains juifs, des écrits philosophiques d’auteurs arabes. Ses traductions sont supérieures à celles de son père.

À Posquières, près de Lunel, il existait également une communauté juive, comptant environ quarante membres. C’est là que, vers 1125, naquit Abraham ben David (mort en 1198), un des plus remarquables talmudistes du temps. Très instruit et très riche, il créa et dirigea une école qui était fréquentée par de nombreux élèves de la ville et du dehors ; il entretenait cette école à ses frais. Ennemi de toute science, il se vantait de ne rien savoir en dehors du Talmud. Comme son condisciple Zerahya Girondi, il possédait un esprit de critique très pénétrant et s’en servait pour combattre d’autres talmudistes. Souvent il dépassait les bornes de la discussion, employant contre son adversaire des expressions grossières et malsonnantes. À son insu peut-être et contre sa volonté, Abraham ben David posa les premiers fondements d’un mysticisme qui, plus tard, égara de nombreux esprits.

Bourg de Saint Gilles, la deuxième capitale de Raymond V, de Toulouse, comptait une centaine de familles juives, qui vivaient heureuses sous la souveraineté bienveillante de celui que les troubadours nommaient l’excellent comte. Raymond VI était peut-être encore plus favorable aux Juifs que son père, il leur confiait des emplois publics (1195-1222). Persécuté pour sa tolérance par le pape Innocent III et le clergé, il ne put recouvrer sa tranquillité qu’en promettant par serment de révoquer tous les fonctionnaires juifs.

Dans le nord de la France, la situation des Juifs resta assez prospère jusqu’aux dernières vingt années du XIIe siècle. Tant que le roi Louis VII était sur le trône, il défendit les Juifs contre la mauvaise volonté du clergé, ne voulant même pas exécuter contre eux la décision du concile de Latran qui interdisait aux Juifs d’avoir des nourrices ou des domestiques chrétiens. Malgré la défense du pape, il laissait les Juifs élever de nouvelles synagogues.