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Les deux fils de Joseph Kimhi, Moïse et David, marchèrent sur les traces de leur père. Moïse était un esprit assez ordinaire, ses œuvres avaient encore moins de valeur que celles de son père. David (1160-1235) était supérieur à son aîné ; par ses écrits il enseigna la langue hébraïque aux Juifs et aux chrétiens d’Europe. Tout en ne pouvant pas être comparé aux Ibn Djanah et aux Ibn Ezra, il ne manquait cependant pas de mérite. Il encouragea l’étude de l’hébreu et expliqua la Bible en opposant aux commentaires diffus des mystiques et des aggadistes une interprétation à peu près simple et claire.

La communauté si ancienne de Béziers vivait également heureuse sous la souveraineté du vicomte Raymond Trencavel et de son fils Roger. Il régnait dans cette ville un grand esprit de tolérance, on y trouvait de nombreux Albigeois. Néanmoins, l’évêque continuait encore, en vertu d’un ancien usage, à exciter les chrétiens, le dimanche des Rameaux, contre la population juive. II en résultait chaque année des bagarres sanglantes. Grâce aux sentiments libéraux du vicomte, et sur les démarches pressantes des chefs de la communauté juive, cet usage fut aboli. Les Juifs durent seulement s’engager à payer chaque année quatre livres d’argent.

Après la mort de Raymond, le vicomte Roger continua les traditions de son père. Favorable à la secte des Albigeois, il eut également deux baillis juifs, Moïse de Cavarite et Nathan. Sa tolérance pour les hérétiques et les Juifs lui attira la colère du clergé et du pape ; il eut une fin tragique.

Montpellier, la capitale de la France méridionale, avait aussi une communauté juive assez importante, très riche et très généreuse, où le savoir était en honneur. Mais les seigneurs de Montpellier étaient moins bienveillants pour les Juifs que ceux de Béziers.

Non loin de Montpellier, la ville de Lunel, peu importante aujourd’hui, mais alors assez considérable et gouvernée par les seigneurs de Gaucelin, comptait prés de trois cents familles juives et possédait une école talmudique importante, qui rivalisait avec celle de Narbonne et était fréquentée par de nombreux disciples. La communauté était dirigée par Meschoullam ben Jacob (mort en 1170), homme riche et talmudiste savant, profondément respecté