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à certains chrétiens comme une persécution accompagnée de tortures et d’exécutions capitales ; l’histoire ne mentionne aucun fait qui confirme de telles assertions. Seuls les Évangiles, qui parlent en termes voilés de Barcokeba et des luttes de cette époque, font connaître en partie l’attitude des autorités judaïques vis-à-vis des chrétiens. Ils semblent indiquer que la discorde régnait parmi les chrétiens, dont une grande partie aimait passionnément la liberté et dénonçait aux tribunaux juifs ceux dont le zèle pour les insurgés leur paraissait trop modéré. D’après ces Évangiles, Jésus aurait prédit qu’il reviendrait sous sa forme corporelle pour assister au jugement dernier pendant cette époque orageuse qui serait une des plus importantes périodes de l’histoire. Cette prétendue prophétie de Jésus montre quels sentiments d’inquiétude, de malaise et de sombre tristesse agitaient en ce moment les esprits. « Prenez garde, aurait dit le Christ, de ne pas vous laisser égarer ; car plusieurs personnes viendront sous mon nom, se présenteront comme le Messie et tromperont la foule. Si vous entendez des cris de guerre et le cliquetis des armes, ne vous effrayez point, il faut que ces événements arrivent. Mais cela ne sera pas la fin. Une nation se révoltera contre l’autre et un royaume se soulèvera contre l’autre. Il y aura des tremblements de terre, des temps de disette et de terreur. C’est le commencement des souffrances. Soyez sur vos gardes, vous serez dénoncés aux tribunaux (Synhédrin) et aux écoles (Synagogues), et vous serez flagellés. — Un frère trahira son frère, un père son fils, les enfants se révolteront contre leurs parents. Vous serez haïs de tous à cause de mon nom ; bienheureux ceux qui auront confiance en moi jusqu’à la fin. » Telles étaient les consolations qu’un docteur de l’Église adressa aux chrétiens de la Judée. — Il semble qu’à l’époque de Barcokeba, le Sanhédrin ait pris une mesure pour arrêter le développement de cette doctrine, si répandue alors parmi les judéo-chrétiens, que Jésus était un dieu, et pour imposer un signe permettant de distinguer les chrétiens de ceux qui appartenaient au parti national juif. L’usage s’était établi depuis plusieurs siècles de ne pas prononcer le tétragramme Iahveh tel qu’il est écrit dans la Bible, mais de le remplacer par le mot Adonaï (seigneur). Comme les chrétiens s’étaient habitués peu à peu à appeler Jésus du nom