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généraux, par Marcellus, gouverneur de la Syrie, Lollius Urbicus, lieutenant de l’empereur, et Sextus Cornelius Dexter, commandant de la flotte syrienne. Ceux-ci ne furent pas plus heureux que Rufus. Les Judéens, fiers de ce succès inespéré, crurent que leur triomphe était définitif et que le joug romain était brisé pour toujours. Ceux qui avaient rendu méconnaissable sur leur corps le signe de l’alliance pour se soustraire à la taxe judaïque, se firent circoncire une seconde fois afin de ne pas être exclus du royaume messianique. La ville de Jérusalem était également retombée au pouvoir des Judéens, qui songèrent sans doute à relever le temple. Mais le tumulte des armes et les attaques incessantes des Romains ne leur permirent pas d’entreprendre cette œuvre de restauration. Pour affirmer avec éclat l’indépendance de la Judée, Barcokeba fit frapper des monnaies judaïques, qui furent appelées monnaies de Koziba. Elles portaient comme légende les mots : Liberté de Jérusalem ou Liberté d’Israël ; sur aucune d’elles n’était inscrit le nom de Barcokeba. Malgré leur haine profonde pour les Romains, les vainqueurs ne firent subir aucun mauvais traitement aux prisonniers de guerre. Seuls les judéo-chrétiens de la Judée furent traités avec rigueur ; ils étaient exécrés par les Judéens, qui les considéraient comme des blasphémateurs et surtout comme des espions et des délateurs. Depuis qu’ils avaient refusé de prendre part à la guerre nationale, ils étaient devenus plus odieux encore à ceux qui luttaient avec une passion farouche pour leur liberté. Un auteur chrétien, très ancien, raconte que Barcokeba somma les chrétiens de renier Jésus et de se joindre aux insurgés, et que ceux qui refusèrent de se soumettre à cet ordre furent sévèrement punis.

Lorsque l’État fut reconstitué, les autorités appliquèrent de nouveau la législation judaïque et citèrent devant leur tribunal leurs concitoyens qui violaient ou outrageaient la loi. Les chrétiens restèrent libres de suivre leurs pratiques religieuses, et aucun historien ne rapporte qu’ils aient été obligés de reconnaître Barcokeba comme un nouveau Messie. Le nouvel État juif ne paraît avoir exercé aucune contrainte sur les consciences. Les chroniqueurs chrétiens qui ont vécu plus tard ont présenté, avec leur exagération habituelle, le châtiment de la flagellation infligé