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reur en mérite et en gloire, mais cette révocation paraît également avoir eu pour but de donner satisfaction aux réclamations des Judéens. Au moment où il reçut la nouvelle de sa disgrâce, Quietus faisait juger et condamner à mort les deux chefs de l’insurrection judaïque, Julien et Pappos ; l’exécution devait avoir lieu à Laodicée. Quietus leur dit en raillant : « Si votre Dieu est aussi puissant que vous le dites, que ne vous sauve-t-il de mes mains ? — Tu n’es pas digne, lui répondirent-ils, que Dieu fasse un miracle à cause de toi, tu n’es pas le maître, tu n’es qu’un subordonné. » Les deux condamnés allaient être conduits au supplice, lorsque arriva l’ordre d’Adrien qui révoquait Quietus de ses fonctions de gouverneur de la Judée. Le général disgracié quitta la Palestine et, peu de temps après, Adrien le fit exécuter. Le jour de la délivrance de Julien et de Pappos, qui était le 12 adar (février 118 ?), fut célébré par une fête commémorative qui devait perpétuer le souvenir de cet heureux événement ; le Collège l’ajouta aux autres jours fériés qui rappelaient des faits analogues et l’institua comme demi fête sous le nom de jour de Trajan (Iom Tirianus).

Avant de déposer les armes, les Judéens avaient exigé et obtenu qu’Adrien les autorisât à reconstruire le temple sur son ancien emplacement et à relever Jérusalem de ses ruines. L’empereur confia, paraît-il, la surveillance des travaux de reconstruction de la ville au prosélyte Aquilas. Il régnait une grande allégresse parmi les Judéens, qui aspiraient depuis cinquante ans au moment bienheureux où ils posséderaient de nouveau un centre religieux. Un poète judéo-alexandrin exprima en vers grecs les sentiments qui animaient alors ses coreligionnaires. À l’exemple de ses prédécesseurs, le poète inconnu parla par la bouche d’une prophétesse païenne, la Sibylle, sœur d’Isis. La sibylle énumère d’abord toute la série des Césars romains, qu’elle ne désigne que par des allusions, et elle continue ainsi :

………………………………………………………………… Et après lui
Règnera un souverain au casque d’argent ; une mer[1]
Lui a donné son nom[2]. C’est un homme généreux et perspicace.

  1. La mer Adriatique.
  2. Adrien.