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c’est l’extermination totale des Judéens. Ceux-ci se sont sans doute défendus avec l’énergie du désespoir ; car, depuis, la haine contre la race judaïque est restée héréditaire dans l’île, à tel point que les Cypriotes firent une loi par laquelle ils défendaient aux Judéens l’accès de l’île, même en cas de naufrage.

La guerre d’extermination que Lusius Quietus avait reçu l’ordre de faire aux Judéens de la Babylonie et de la Mésopotamie n’est pas connue dans ses détails. On sait seulement que des milliers de Judéens furent égorgés et les villes de Nisibe et d’Édessa complètement ruinées ; les maisons, les rues et les routes étaient jonchées de cadavres. Trajan, pour récompenser Quietus de la part considérable qu’il avait prise à la guerre contre les Judéens, le nomma gouverneur de la Palestine et l’investit de pouvoirs très étendus afin qu’il pût étouffer tout germe de révolte dans l’ancienne patrie judaïque.

Trajan fut moins heureux dans son expédition contre les Parthes que ses généraux ne l’avaient été dans leurs campagnes contre les Judéens. Il dut abandonner la Babylonie, lever le siège d’Atra et renoncer à son projet de réduire ces pays en provinces romaines. Découragé par son insuccès, déçu dans ses plus chères espérances, il tomba malade ; il fut transporté dans cet état à Antioche et mourut quelques mois après en Cilicie (117). Sa dernière volonté d’avoir pour successeur son fidèle compagnon d’armes, Quietus, ne fut même pas exaucée. Sa femme, la rusée Plotine, persuada à l’armée que, avant sa mort, Trajan avait adopté comme fils et désigné comme successeur son parent Ælius Adrien.

Au moment où Adrien devint empereur, plusieurs peuples étaient déjà en révolte et d’autres se préparaient à briser le joug de Rome. À la nouvelle de la mort de Trajan, dont on redoutait vivement l’énergie et l’implacable sévérité, l’insurrection se propagea comme un feu dévorant au levant et au couchant ; les peuples parurent s’être concertés pour témoigner tous à la fois de leur volonté de vivre libres et indépendants. Le pays des Parthes, où Trajan avait essayé récemment d’établir la domination romaine, quelques contrées de l’Asie Mineure ruinées par la cupidité des fonctionnaires impériaux, la sauvage Mauritanie, la Sarmatie, la