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CHAPITRE III


soulèvement des judéens sous trajan et adrien
(98-135)


Nerva avait choisi pour successeur l’espagnol Ulpianus Trajan, le vainqueur des Daces, près du Danube. Trajan, âgé de près de soixante ans, se prépara à réaliser son rêve de placer sous la domination romaine les pays asiatiques situés entre l’Euphrate et le Tigre, l’Indus et le Gange, et à ceindre son front des lauriers d’Alexandre le Grand (114). Les pays Parthes n’opposèrent qu’une faible résistance à Trajan, parce que ce vieil empire mi-grec et mi-persan était déchiré par les compétitions de divers prétendants. Seuls les Judéens, qui habitaient ces régions en très grand nombre, qui occupaient des villes et des territoires tout entiers et jouissaient d’une certaine autonomie politique sous l’autorité de leur prince de l’exil ou exilarque (Rèsch Golah), soutinrent la lutte par haine religieuse contre le conquérant romain. Quant aux Judéens de Babylone, ils voyaient en Trajan le successeur de ceux qui avaient détruit le temple et condamné leurs frères à une servitude avilissante, et ils se préparèrent eux aussi à la guerre sainte. La ville de Nisibe, habitée en tout temps par une nombreuse population judaïque, se défendit avec une opiniâtreté héroïque et ne put être prise qu’après un siège fort long ; sa résistance fut cruellement châtiée. La province d’Adiabène, sur le cours moyen du Tigre, était gouvernée par un souverain dont les ancêtres s’étaient convertis un siècle auparavant à la religion judaïque ; le roi d’Adiabène, Mebarsapès, appartenait peut-être lui-même à cette religion. Il lutta vaillamment contre Trajan, mais il fut obligé à la fin de se soumettre également à la domination romaine.