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dant la vigueur et l’activité de la jeunesse pour faire exécuter ses ordres et raffermir l’empire romain si fortement ébranlé par les exécutions sanglantes et le gouvernement capricieux de Domitien. Son avènement au trône fut un bienfait pour les Judéens et les prosélytes. Pendant la courte durée de son règne (de septembre 96 à janvier 98), Nerva, qui eut à redresser tant d’abus et à réparer tant d’iniquités dans l’administration, consacra cependant une partie de son temps et de ses efforts à améliorer la situation des Judéens. La loi qui condamnait comme ennemis de la religion les prosélytes juifs ne fut plus appliquée, la taxe judaïque fut, sinon complètement abolie, du moins perçue avec une grande modération. L’autorité judiciaire reçut l’ordre de ne plus poursuivre ceux qui étaient accusés de s’être soustraits à cet impôt, et ce généreux acte de Nerva causa aux Judéens une satisfaction si profonde qu’ils frappèrent une médaille spéciale pour en perpétuer le souvenir. Sur cette médaille, qui a été conservée, on voit, d’un côté, l’empereur Nerva, et, de l’autre, un palmier, symbole des Judéens, avec cette légende : Fisci judaici calumnia sublata (les accusations touchant la taxe judaïque ne sont pas recevables). Ce résultat était peut-être dû aux efforts des quatre Tannaïtes qui se trouvaient encore à Rome à l’époque de la mort de Domitien et de l’avènement de Nerva, et qui défendirent probablement avec succès devant les autorités les doctrines du judaïsme. Nerva ne régna pas assez longtemps pour faire pénétrer dans le peuple l’esprit de justice et de tolérance dont il était animé envers le judaïsme.