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intermittence et à des intervalles plus ou moins longs, elles ne formaient qu’un coup unique et prolongé. » C’est aussi à ce moment (95) que Flavius Clémens fut condamné à mort. Rien ne put le sauver de la colère de Domitien, ni sa parenté avec l’empereur, ni sa dignité de sénateur et d’ancien consul. Les quatre docteurs qui étaient venus de Palestine pour s’entretenir avec lui et qui croyaient que par lui le judaïsme serait appelé aux plus hautes destinées, assistèrent à sa mort. Sa femme, Domitilla, qui fut exilée dans une île, révéla, paraît-il, aux docteurs qu’avant sa mort Clémens s’était fait circoncire. Josèphe, qui, même sous Domitien, vivait confortablement à Rome, semble avoir été impliqué dans le procès dirigé contre Clémens et les autres prosélytes juifs. Il jouissait, il est vrai, d’un grand crédit auprès de l’empereur Domitien et de l’impératrice Domitia, mais sa conduite dans la dernière guerre judaïque lui avait suscité parmi ses coreligionnaires des adversaires acharnés qui n’hésitaient pas à l’accuser auprès de l’empereur. Un jour, le précepteur même de son fils l’accusa de trahison. Il ne continua pas moins à recruter avec zèle, parmi les païens instruits, des adhérents pour le judaïsme. Pendant ses moments de loisir, il travaillait à un ouvrage considérable sur l’histoire des Judéens depuis les origines jusqu’à la période qui a précédé les guerres judaïco-romaines ; il acheva cet ouvrage, divisé en vingt livres, dans la treizième année du règne de Domitien (93). Ayant rassemblé, au prix des plus grandes peines et de dépenses considérables, les documents étrangers, il les utilisa, les concilia avec les récits historiques de la Bible et éleva ainsi un monument national qui faisait connaître aux classes instruites les actes et les doctrines de la nation judaïque. Bientôt après, il érigea un monument à sa propre honte. Justus de Tibériade, son ancien adversaire, avait publié l’histoire de la guerre judaïque, et, dans cette histoire, il avait présenté Josèphe comme l’ennemi des Romains. Josèphe craignit pour sa vie ; il savait que Domitien était très capricieux, et qu’au moindre soupçon ce tyran précipitait ses favoris du faîte des grandeurs dans la plus profonde misère. Il chercha donc à se défendre contre les attaques de Justus de Tibériade, et il publia, comme annexe à son livre Des Antiquités, son autobiographie, où il raconta sa conduite pendant la guerre. Pour se