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les scribes et les Pharisiens, qui ont eu pour successeurs Akiba, Johanan, fils de Zakkaï, puis Éliézer et Delphon (Tarphon), et enfin Joseph le Galiléen et Josua. Ce sont là les deux maisons qui ne reconnaissent pas le Sauveur, et cela sera pour elles une cause d’achoppement et de chute. » Ils mettaient dans la bouche de Jésus des paroles de mépris contre les docteurs, paroles qui étaient peut-être vraies pour l’un ou l’autre d’entre eux, mais qui, appliquées à la classe tout entière, devenaient des assertions calomnieuses. « À l’endroit (le Synhédrin) où siégeait Moïse, aurait dit Jésus, sont assis les scribes et les Pharisiens. Observez et accomplissez tout ce qu’ils vous diront d’observer, mais n’imitez pas leurs actions ; ils parlent, mais n’agissent pas conformément à leurs paroles. Leurs actions n’ont qu’un seul but : par elles ils cherchent à attirer sur eux l’attention des hommes. Ils se parent de larges phylactères (Tefilin) et mettent de longues franges (Zizit) à leurs vêtements ; ils aiment à présider aux banquets, à trôner dans les synagogues, à être salués par les passants sur les places publiques, à être appelés partout du titre de Rabbi, Rabbi... Malheur à vous, scribes et Pharisiens, race d’hypocrites, qui dévorez les biens des veuves, sous prétexte que vous adressez au ciel de longues prières ; le châtiment vous frappera... Malheur à vous... Vous offrez la dîme de la menthe, de l’anet et du cumin, et vous négligez les prescriptions les plus importantes ; vous agissez contre la fidélité, la justice et la charité. Vous faites bien d’observer ces petites pratiques, mais à condition de ne pas transgresser les commandements les plus importants. Vous êtes des imposteurs ; vous passez des moucherons au crible et vous avalez des chameaux... Vous nettoyez les coupes et les plats au dehors, et à l’intérieur vous les laissez remplis de rapines et de pourriture. »

Ainsi, ce judaïsme que les judéo-chrétiens s’étaient efforcés de maintenir intact, ils l’attaquaient maintenant, lui et ses chefs, avec la dernière violence. Par ces attaques, ils servaient, sans le vouloir, la cause des Hellènes et préparaient le terrain pour la doctrine paulinienne, qui se développa très rapidement et put bientôt se faire accepter comme le seul et vrai christianisme, comme le catholicisme (la religion pour tous). Les Ébionites et les Nazaréens furent absorbés peu à peu par la communauté toujours