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allait de rang en rang pour recueillir les voix ; on commençait le plus souvent par le président pour s’arrêter au plus jeune membre. Dans les questions criminelles, c’étaient, au contraire, les plus jeunes qui émettaient d’abord leur vote. Le Synhédrin suivait la même procédure pour résoudre les questions qui lui étaient adressées du dehors, pour fixer les points de doctrine controversés, introduire des règlements nouveaux on abolir des lois existantes.

Une autre prérogative importante du patriarche était de déterminer la date des fêtes. Le calendrier juif n’était pas établi sur des principes fixes et invariables, l’époque des fêtes était subordonnée à la marche de la lune en même temps qu’à l’action du soleil sur la moisson, il fallait donc combler par des intercalations la différence qui se produisait entre l’année solaire et l’année lunaire. Ces intercalations se faisaient d’après le calcul approximatif de la durée de la révolution solaire et de la révolution lunaire, calcul dont la connaissance avait été conservée par tradition dans la maison du patriarche. On tenait aussi compte de certains indices annonçant l’approche du printemps et du degré de maturité de la moisson. La durée des mois n’était pas mieux déterminée, aucune convention ne la réglait d’une façon définitive. D’après la tradition, le commencement du mois devait coïncider autant que possible avec l’apparition de la nouvelle lune. Dès que des témoins apercevaient la lune dans sa première phase, ils en avertissaient immédiatement le Synhédrin. S’il ne se présentait pas de témoins, le jour au sujet duquel il y avait doute appartenait au mois courant ; de cette sorte, les mois comptaient tantôt 29 et tantôt 30 jours. Gamaliel se servait d’un nouvel élément pour déterminer la néoménie, il calculait la durée de la révolution synodique de la lune, et il paraissait se rapporter plutôt à ses calculs qu’aux assertions des témoins. Depuis la destruction du temple, la fixation de la néoménie pour la plupart des mois ne présentait aucune importance et n’exigeait pas le concours du patriarche. Mais pour le mois de Tischri, en automne, et le mois de Nissan, au printemps, qui servaient à établir la date des fêtes les plus importantes, le patriarche lui-même devait intervenir, et toute décision prise au sujet de la fixation de ces mois ou de l’intercalation d’un mois supplémentaire ne devenait valable que par l’autorisation