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saient d’aucun crédit en Judée ; elles-mêmes reconnaissaient, du reste, l’autorité supérieure du Synhédrin de Jabné. La dignité d’arabarque avait été maintenue à Alexandrie par les empereurs Flaviens, probablement par égard pour Alexandre Tibère, de la famille des arabarques, qui avait aidé Vespasien à monter sur le trône impérial et avait rendu des services importants à Titus pendant le siège de Jérusalem. L’esprit judéo-alexandrin, si caustique dans ses railleries contre le paganisme, n’avait pas encore disparu, il dirigeait maintenant ses traits acérés contre le despotisme de Rome.


CHAPITRE II


l’activité à l’intérieur


Le Synhédrin de Jabné était devenu le centre et eu quelque sorte le cœur de la nation judaïque, il communiquait la vie et le mouvement aux communautés les plus lointaines, et ses décisions et ses ordres seuls étaient acceptés et exécutés. Le peuple voyait dans l’institution du Synhédrin un dernier vestige de l’État, et il éprouvait pour le patriarche, issu de la famille de Hillel et de la maison de David, une profonde vénération. La qualification grecque d’ethnarque (prince du peuple) indique bien que le patriarcat était en partie une dignité politique. Les Judéens étaient fiers de la famille de Hillel parce que c’était par elle qu’avait été maintenue la dignité de prince dans la maison de David et continuait à se réaliser la prophétie du patriarche Jacob « que le sceptre ne sortira pas de la tribu de Juda. » Immédiatement au-dessous du patriarche, il y avait le Ab-bet-Din et le Hakam (le sage) ou l’orateur qui prenait la parole aux séances ; les attributions dont ces deux fonctionnaires étaient revêtus ne sont pas encore clairement déterminées. Quant au patriarche, il avait le pouvoir, à l’intérieur, de nommer les juges et les administrateurs