Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 3.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

partie du Synhédrin ni remplir certaines fonctions judiciaires ; ils n’avaient pas droit au titre de Rabbi et ne pouvaient plus diriger d’école.

Samuel le Jeune (Hakaton) était d’une abnégation et d’une modestie rares ; il avait mérité d’être surnommé le vrai disciple de Hillel. Il est surtout connu par la formule de malédiction qu’il rédigea contre les judéo-chrétiens et par les paroles prophétiques qu’il prononça, au moment de mourir, sur le sombre avenir qui se préparait pour les Judéens. « Simon et Ismaël, dit-il, sont voués à la destruction, leurs compagnons à la mort, le peuple au pillage ; des persécutions douloureuses auront lieu prochainement. » Les assistants, ajoute le récit, ne comprirent pas le sens de ces prédictions, les événements en donnèrent à plusieurs d’entre eux la tragique explication. Samuel mourut sans laisser d’enfants ; ce fut le patriarche lui-même qui prononça son oraison funèbre. Élisa ben Abuya, plus connu sous le nom de Aher (homme transformé), appartenait au même groupe que Samuel. Égaré par de fausses doctrines, il devint l’ennemi de la Loi et de ses interprètes.

À cette époque, il s’était formé en dehors de la Judée plusieurs centres d’activité intellectuelle, particulièrement dans le pays qui devait prendre plus tard la place de la Judée et ouvrir à l’histoire judaïque des voies nouvelles. Les nombreuses communautés de la Babylonie et des pays Parthes possédaient deux écoles importantes, l’une à Nisibis, ville qui était une pomme de discorde pour les Romains et les Parthes, et l’autre à Nehardéa, très ancienne capitale d’un petit État juif presque indépendant. À Nisibis enseignait Juda ben Bathira, à Nehardéa, Nehémia, de Bet Deli. Dans l’Asie Mineure il y avait également des docteurs de la Loi, mais leurs noms ne nous sont pas parvenus. Ils paraissent avoir été établis principalement à Césarée ou Mazaca, capitale de la Cappadoce. Ce fut dans cette ville qu’Akiba rencontra dans son voyage en Asie Mineure un docteur qui discuta avec lui sur une halaka. Les Judéens établis en Égypte, qui n’avaient plus de lieu consacré au culte depuis que, sur l’ordre de Vespasien, ils avaient dû fermer le temple d’Onias, paraissent avoir eu une école à Alexandrie. Mais toutes ces écoles du dehors ne jouis-